Déjà largement sollicités depuis le début de la crise sanitaire, les sapeurs-pompiers ont désormais une nouvelle mission : la vaccination. Un décret du 11 mars les autorise en effet à injecter les vaccins sous condition de formation et sous la responsabilité d’un médecin.
Sont concernés les professionnels et les volontaires titulaires de la formation d’équipier dans le domaine d’activité du secours d’urgence aux personnes, les sapeurs-pompiers de Paris titulaires de leur formation élémentaire en filière “sapeur-pompier de Paris” (SPP) ou filière “secours à victimes” (SAV) ou titulaires de leur formation élémentaire en filière “spécialiste” (SPE), les marins-pompiers de Marseille détenant le brevet élémentaire de matelot pompier (BE MOPOMPI) ou le brevet élémentaire de pompier volontaire (BE MAPOV) ou le brevet élémentaire de sécurité et logistique (BE SELOG), ainsi que les sapeurs-sauveteurs des formations militaires de la sécurité civile de la DGSCGC titulaire de la formation élémentaire de la filière “force protection secours”.
Signe de confiance pour la Fédération nationale des sapeurs-pompiers
Une décision immédiatement saluée par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Elle y voit un « signe de confiance » et une « reconnaissance » de son action dans la crise sanitaire et de son « rôle de soldats de la vie dans les territoires », ainsi qu’une « nouvelle étape vers la reconnaissance des sapeurs-pompiers comme techniciens du secours d’urgence ».
Colère pour les syndicats
Mais du côté des syndicats, l’heure n’est pas à la satisfaction. Bien au contraire. « C’est avec une grande fermeté que nous nous désolidarisons de la prise de position de la Fédération et que nous nous élevons contre cette décision qui, une fois de plus, frise le ridicule », écrit la Fédération autonome SPP-Pats.
Interrogé par France 3 Côte d’Azur, André Goretti, président de la section départementale, a expliqué : « Il s’agit d’un acte médical qui doit être pratiqué par le corps médical. Le ministère de l’Intérieur pose le principe de 1 à 3 heures de formation pour pouvoir ensuite injecter un vaccin. Mais le pompier n’est pas un couteau suisse et il ne peut pas répondre à tous les manquements des services de l’Etat. L’action déjà menée par les pompiers (transport, prise en charge des malades) est largement suffisante. »
La CGT évoque de son côté une « blague » qui « insulte le corps des soignants », une régression sanitaire » et une « logique de service public au rabais ». Le syndicat rappelle par ailleurs que les sapeurs-pompiers attendent toujours le cadre juridique leur permettant de réaliser des glycémies et des prises de tension… actes qu’ils réalisent déjà quotidiennement.
Enfin, Avenir secours déplore un manque de concertation avec les pompiers, « caisse à outils » du gouvernement. Le syndicat craint les conséquences de cette décision sur un corps déjà en « surchauffe ». « Les très nombreuses sollicitations en cours sur le dépistage et les premières campagnes de vaccination, ainsi que la formation à dispenser, dont on ignore le cadre, ajouteront sans conteste une charge supplémentaire », peut-on lire dans un communiqué mis en ligne le 18 mars.
Par ailleurs, Avenir secours s’interroge sur la responsabilité de chacun. « Les médecins craignent une responsabilité professionnelle en déléguant le geste aux sapeurs-pompiers, les pharmaciens craignent une responsabilité professionnelle sur la préparation et l’injection, sans oublier les infirmiers de sapeurs-pompiers qui craignent une dévalorisation de leur profession. L’acte de vaccination ne se limite pas à un geste mécanique. »
Reste enfin plusieurs questions en suspens : le cadre juridique en cas de recours contentieux, la définition du module de formation et les modalités de prise en charge de ces opérations par l’Etat.
A terme, Avenir secours espère que l’implication des services de santé et de secours médical permettra de reconnaître ses spécificités et l’évolution de son statut.