CORONAVIRUS. Alors que le nombre de cas de Covid-19 est en augmentation pour la troisième semaine consécutive, confirmant une circulation soutenue du virus, médecins et soignants appellent d’urgence à plus de vigilance.
La Direction générale de la Santé l’a confirmé dans son dernier communiqué, la circulation du coronavirus demeure “soutenue” en France. Pour la troisième semaine consécutive, le nombre de cas quotidiens est en hausse, et le seuil des 1 300 personnes contaminées a été franchi en semaine 30 (du 21 au 28 juillet). Sur cette même semaine, le taux d’incidence a grimpé à +54%, et les jeunes (20-30 ans) semblent de plus en plus touchés. Sept départements ont été classés en vulnérabilité modérée et trois départements en vulnérabilité élevée. Face à ces indicateurs inquiétants d’une reprise de l’épidémie de Covid-19, le corps médical exhorte les Français à réagir au plus vite en cette période estivale, propice aux rassemblements. Voici les chiffres clés à retenir avant l’actualisation des données le 7 août :
- Le coronavirus se propage de plus en plus en France. Plusieurs indicateurs augmentent entre les semaines 29 et 30 : le nombre de nouveaux cas confirmés de Covid-19 (5592 soit +54%), le taux de positivité des tests (1,3% contre 1,0%) et l’incidence des cas (9,5 cas/100 000 habitants en France et 8,6 cas/100 000 habitants en métropole. En S30, l’augmentation des nouveaux cas positifs reste très supérieure à l’augmentation du nombre de patients testés (+54% pour les cas positifs et +27% pour les patients testés par rapport à S29). Par ailleurs, Santé publique France explique que parmi les personnes symptomatiques, l’augmentation du nombre de cas en S30 par rapport à S29 (+62%) est trois fois plus importante que l’augmentation du nombre de personnes testées (+19%). Enfin, le nombre de cas a augmenté dans l’ensemble des classes d’âge mais l’augmentation est plus importante chez les 15-44 ans indique Santé publique France.
- Le coronavirus est particulièrement actif dans sept départements, avec un taux d’incidence supérieur à 10 cas sur 100 000 habitants : la Mayenne (143/100 000 h), Val-d’Oise (20,5), Nord (17,5), Paris (16,5), Seine-Saint-Denis (16,2), Hauts-de-Seine (15,8), Haute-Savoie (15,3), Val-de-Marne (14,9) , Ille-et-Vilaine (14,3), Essonne (14,3), Vosges (12,2) , Yvelines (11,8), Haute-Garonne (11,4), Meurthe-et-Moselle (11,2), Bouches-du-Rhône (10,8), Gard (10,5), Rhône (10,4), Alpes-Maritimes (10,2) et Sarthe (10,1).
- Le nombre de reproduction est aussi en hausse. Le “R effectif” (nombre moyen de personnes infectées par un cas) est compris entre 1,35 et 1,42, Santé publique France mettant en avant deux estimations. Elles sont en tout cas en progression par rapport à la semaine 29 (R=1,26) et “significativement supérieures à 1, ce qui indique que l’épidémie est en progression”. Les R effectifs régionaux sont “significatifs” dans 5 régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est et Ile-de-France..
- Les clusters sont à la hausse. Selon le point de Santé publique France, le nombre de clusters dépasse la situation à la levée du confinement en France. Au total, 658 clusters ont été détectés, un tiers sont en cours d’investigation (28%) dont un tiers avec une “criticité élevée”. Le milieu familial élargi et les événements publics et privés sont le type de collectivité le plus représenté avec une nette hausse au mois de juillet, indique SpF (+14,5%).
- Les taux hebdomadaires de décès (pour 100 000 habitants) continuent de diminuer ou restent stables entre les semaines 29 et 30 dans la plupart des régions, à l’exception de la Guyane et des Pays-de-la-Loire où ils diminuent : 1,79/100 000 h en S30 vs 3,58/100 000 h en S29 en Guyane et 0,11/100 000 h en S30 vs 0,21/100 000 h en S29 en Pays-de-la-Loire
Santé Publique France est attentif à un indicateur qui permet de suivre l’évolution du Covid-19 en France : le taux d’incidence. Plus solide que le taux de positivité des tests qui donne un aperçu à un instant T, ce taux représente le nombre de nouveaux cas de coronavirus diagnostiqués par test PCR “survenus sur les 7 derniers jours dont les données sont consolidées”, rapporté au nombre d’habitants. Le seuil d’alerte a été fixé à 50 pour 100 000 habitants. L’incidence hebdomadaire atteint les 9 cas / 100 000 habitants, selon le bilan du mardi 28 juillet. La carte ci-dessous rend compte de la situation dans tous les départements français.
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11:59 – Le tourisme, un facteur de propagation du virus ?
Dans ses derniers points de situation, le ministère de la Santé a insisté sur l’importance de respecter les gestes barrières en cette période estivale, synonyme de départs en vacances. Pour autant, il y aurait “une faible corrélation entre le tourisme et la propagation du virus”, assure l’Agence régionale de Santé Bretagne, contactée par franceinfo. “Sur les 75 nouveaux cas enregistrés depuis le 27 juillet, 18 personnes ne résident pas en Bretagne”, précise l’agence.
11:43 – Le dispositif de dépistage remis en question
Pour l’épidémiologiste Catherine Hill, “notre système [de dépistage du coronavirus] reste une passoire”. “Rien n’est systématique. Il faut l’être beaucoup plus pour repérer, grâce à des tests PCR, les porteurs asymptomatiques : il y a urgence car ils sont à l’origine d’environ la moitié des contaminations”, a-t-elle affirmé au Journal du dimanche. Un avis partagé par Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes MG France, pour qui la stratégie mise en place par les autorités sanitaires semble floue : “Depuis le début, je m’interroge sur ce point clé de la lutte contre l’épidémie. On ne voit pas très bien qui on cherche à dépister, pourquoi on agit à tel endroit et pas à tel autre.”
11:26 – Le port du masque obligatoire dans certaines zones de Tours
Face à l’augmentation des cas de coronavirus, la préfecture d’Indre-et-Loire a décidé d’imposer le port du masque dès vendredi 7 août dans certaines zones de Tours, à partir de 18 heures et jusqu’au lever du soleil : les rues piétonnes de l’hypercentre, la rue des Halles, la rue Scellerie, la rue du Commerce, les abords de la place de la Résistance, la place de Châteauneuf et les bords de Loire, indique France Bleu Touraine.
11:12 – Pas de “catastrophisme”, mais une prise de conscience nécessaire pour les médecins
“Il y a une réelle résurgence de l’épidémie presque tous les indicateurs le montrent. Aujourd’hui, je me bats pour qu’on arrête de dire que l’on fait du catastrophisme”, a affirmé le Pr Gilles Pialoux au Parisien. Une hausse des cas de coronavirus qui inquiète le médecin, comme l’ensemble du corps médical. Pour enrayer cette tendance, le Dr Patrick Goldstein, chef des urgences du CHU de Lille, ne voit qu’une solution, “casser d’urgence cette dynamique”, en prenant conscience au plus vite des risques d’une nouvelle vague et en appliquant scrupuleusement les gestes barrières.
10:56 – Pr Éric Caumes : “Il faut laisser les jeunes se contaminer entre eux”
Ces dernières semaines, le ministère de la Santé a alerté sur un relâchement des gestes barrières pour se protéger du coronavirus, notamment chez les jeunes. Cependant, pour le professeur Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, ce relâchement pourrait être utilisée comme une stratégie. “Je pense de plus en plus qu’il faut laisser les jeunes se contaminer entre eux, à condition qu’ils ne voient pas leurs parents et leurs grands-parents”, a-t-il expliqué.
Le dernier bilan quotidien de l’épidémie de coronavirus a été communiqué vendredi 31 juillet par le ministère de la Santé. Si le nombre de nouveaux cas diagnostiqués est en augmentation, ceux des hospitalisations et des patients en réanimation sont en baisse. Voici les derniers chiffres :
- 187 919 cas confirmés par PCR, soit 1 346 de plus
- 30 265 décès au total
- 19 750 décès à l’hôpital, soit 11 de plus
- 10 515 décès en Ehpad (bilan du 28 juillet)
- 5 298 hospitalisations en cours, soit 77 de moins
- 371 personnes en réanimation, soit 10 de plus
- Taux de positivité des tests : 1,5%
- 157 clusters en cours d’investigation, soit 20 de plus
- 10 départements en situation de vulnérabilité : Nord, Val-d’Oise, Ille-et-Vilaine, Mayenne, Vosges, Haute-Savoie, Haute-Garonne, Gironde, Guyane, Mayotte
NB : les données relatives aux personnes hospitalisées et en réanimation présentées ci-dessus correspondent au nombre de patients en cours de soins et non au cumul depuis le début de l’épidémie.
Alors que le regain d’activité du coronavirus en France inquiète, la question de l’arrivée d’une seconde vague épidémiologique, qu’elle touche l’ensemble du territoire ou seulement quelques zones, se pose de plus en plus. Et avec elle, les craintes de nouvelles restrictions des libertés de circulation. Pour enrayer la propagation du virus, le gouvernement n’exclut d’ailleurs pas un reconfinement partiel et la fermeture de certains bars. Mi-juillet, le Premier ministre Jean Castex a évoqué l’idée de nouvelles mesures contraignantes, mais il a insisté sur la volonté du gouvernement de limiter les conséquences d’une telle mesure sanitaire. “Ce qu’il faut éviter par-dessus tout, c’est le reconfinement général” qui serait “catastrophique” d’un point de vue économique et social. En cas de reconfinement, il s’agirait d’établir “des reconfinements très localisés”, c’est-à-dire par villes ou zones délimitées. “Nous nous adapterons”, a assuré Jean Castex, dans un entretien publié par Nice Matin. “Même si le nombre de cas repart à la hausse, les tests positifs restent dans des moyennes basses par rapport aux pays qui nous entourent. Et les hospitalisations restent à un niveau maîtrisé. (…) La priorité, c’est encore et toujours la prévention”, a-t-il ajouté.